Paroles de la chanson 1983 (Barbara) par Mendelson

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Paroles de la chanson 1983 (Barbara) par Mendelson

1974, 1977, 1978,
1983
aujourd’hui je m’en fous
je me souviens de tout
comme s’il avait fait beau
toute cette époque-là
les souvenirs c’est comme
une fausse vie qu’on subit
les souvenirs c’est comme les films super-huit
ça a comme sa propre vitesse
faut pas ralentir la machine
de peur de brûler ce qui reste
faut prendre ça comme ça vient
je regarde et je profite
et je revois mes amis
et je me revois là à ce coin
hey c’est fou ce que je suis petit
hey c’est fou ce que je rigole
c’est fou ce que je rigole
pour n’importe quoi
ma mère descend l’allée
m’appelle et moi je souris
quand elle me voit
Elle me dit peut-être qu’elle
aime pas trop mes amis
hey mais c’est pas grave
plus tard on ira
quand même ensemble
mettre des pétards Mammouths
dans les poubelles
marcher dans les roses rouges
du concierge
Faire du skate-board
dans la descente
jusqu’au virage
je suis surpris de pas être mort
au moins une fois
1982
j’étais si amoureux
j’étais si content d’être malheureux
je croyais que ça finirait pas
ça s’est fini tout seul bien sûr en
1983
Moi et elle
moi et Barbara,
on se regardait on restait là
J’aimais sa mère aussi un peu je crois
j’attendais devant sa porte
je restais dans l’escalier
j’appuyais la minuterie
jusqu’à ce que je parte en courant
jusqu’à ce que de l’autre côté j’entende ta voix
Il y a d’autres filles plus tard
j’ai jamais compris ce qu’elle pouvait me voir
que toi tu ne voyais pas
jamais rien compris Barbara
tu sentais bon le parfum de ta mère
je t’avais acheté des fleurs
pour ton anniversaire
Ma mère disait qu’cétait des fleurs
pour les cimetières
Et je te revois plus tard
sur le chemin de l’école
sur le trottoir d’en face la patinoire
je te faisais signe
je te filais mes devoirs
je te regardais les mains, les cheveux
j’aurais voulu toucher ton bras
et ton cou et l’endroit
où y avait rien sur ta poitrine
j’y pensais la nuit
j’y pensais le jour
je pensais plus jamais rien qu’à ça
tout le monde disait que je t’aimais
tout le monde savait que je t’aimais
j’prenais l’air malheureux
pour te faire honte
on se défend comme on peut
hey tu sais j’fais toujours comme ça

et je revois la famille d’à côté
qu’étaient nos pauvres
ça rassure dans un monde compliqué
y a toujours plus pauvres que soi
à qui ma mère a donné
ma collection de Pif et encore
nos vieux vêtements, nos jouets
qu’avait un chien plus grand que je croyais
que c’était possible
qui dormait dans leur baignoire
leur père faisait du cyclisme
un peu d’alcoolisme aussi je crois
Sylvie leur fille qu’était bizzarre
On disait qu’elle était en retard
Ma mère disait qu’ils avaient pas eu de chance
Je disais qu’ils sentaient pas bon
ma mère disait qu’elle avait honte
que je puisse dire une chose comme ça
ils habitaient face aux hippies
entre eux ils s’aimaient pas
les hippies étaient jeunes et beaux
à ce qui me semblait
c’était plus propre chez eux
et puis plus chiant aussi un peu
ma mère essayait de les aimer
elle avait besoin d’amis
elle disait qu’ils étaient sympas
ils avaient des tentures aux murs
indiennes des tapis Incas
ils écoutaient de la musique étrange
buvaient du thé
revenaient de voyage
étaient bronzés
c’était une autre vie que nous
ma mère essayait bien d’être à l’aise
mais il me semble bien que ça marchait pas
et je me revois
avec mon père distribuer
les dimanches de porte en porte
ll’humanité
Et je revois les voisins plus riches
des collègues à Maman qui vivaient
dans les petits pavillons plus chics
la lutte des classes c’est un jardin
une table de ping pong
une chambre pour chacun
une cheminée dans le grand salon
un mari qui fume la pipe
une voiture neuve un frigo plein,
des vacances été hiver
des chouettes habits
c’est propre et ça sent l’air

et je revois le crépi dans notre appart
mon père qui partait au cours du soir,
le Guernica dans l’entrée
il y avait sur les murs
peut-être un dessin de Follon
Plus un de moi, une poupée
qu’avait ramenée mes grands-parents
pour leur retraite
d’un voyage à l’étranger.
y avait l’affiche d’une ronde de petits chinois
Buster Keaton qui souriait jamais
tous les jours je le regardais
Je le fixais
peut-être c’est lui qui savait
je voulais comprendre pourquoi

et je revois la télé noir et blanc
et moi assis en tailleur
et la chambre et le christ au dessus du lit de ma petite sœur
qu’était toute une histoire
dans la famille que je ne comprenais pas
et tout ça se mélange
et la tristesse de maman
et le bruit des gens
qui jouait aux boules
dehors les soirs d’été
quand on se couchait avant le soleil
le soleil rouge qu’on devinait
à travers le rideau avec mon frère
depuis les lits superposés

on rentrait à six heures pour le bain du soir
on évitait la malade du bas de la cité
qu’avait notre âge et qui crachait
sur tout le monde qui se promenait
tous les soirs pareil avec son père
on disait la mongolienne
qui me faisait peur et puis de la peine

à l’époque j’ai du tout pleurer
j’pleurais pour rien
pour la voiture qu’on changeait
pour un nouveau papier peint
et puis je restais des heures
dans la cage d’escalier
à remonter les étages
dans le vide
de l’autre côté de la rambarde
avec toujours la peur et l’envie
que quelqu’un vienne et
me surprenne en train de tomber
J’avais deux meilleurs amis
à l’époque j’aurais pas choisi
L’un sa famille était moins drôle
son père était harki,
que j’ai jamais vu dehors de chez lui
Sa mère me paraissait immense
pas très facile et puis
Son frère avait la plus grande
collection de comics que j’ai jamais vu de ma vie
que des Marvels et des Stranges
qu’on lisait dans sa chambre
qu’on s’échangeait moi et lui
après le soir au fond de mon lit
je regardais le plafond
je testais mes pouvoirs
j’avais un laser si je me concentrais
qui me sortait par les yeux
je pouvais tuer des gens
j’étais un dieu
et je m’endormais comme ça content
j’étais heureux

j’écoutais le son des peupliers dans le vent
j’écoutais la respiration de mon frère
j’écoutais le bruit des amants de ma mère
elle attendait toujours un peu mon père
je savais moi aussi qu’il allait rentrer
un jour sûrement
que ça pourrait pas être autrement
le matin à l’école on me racontait toujours
des films incroyables avec un mec
a un moment à la fille, il lui fait tout
ah oui tout mais quoi ?
On se montrait un peu fermé le creux de nos bras
paraissait que les filles en dedans
au milieu c’était comme ça

et moi toujours je voulais que tout le monde m’aime
j’avais un tel besoin d’amour
qu’il aurait fallu tout l’amour de la terre
et ça faisait encore pas beaucoup
pour que je me sente enfin à l’aise
me faire aimer de la boulangère
des gens qui passent dans la rue
me faire aimer de toutes les grand mères
j’aurais demandé de l’amour à un clochard
toutes ces histoires d’enfants perdus
qu’on retrouve pas
les enfants leurs problèmes
c’est qu’ils sont pas regardant
ils prennent ce qui vient, je sais
moi j’étais comme ça.
et je me souviens encore
et de mon voisin Johnny
qu’était nerveux
je crois qu’a mal fini
que j’ai revu plus tard
que j’étais vendeur
il m’a pas reconnu
je l’ai laissé prendre en douce dans le magasin
tout ce qu’il a pu
il a pas compris
il a cru qu’il était plus malin
et moi je me souvenais de lui
qu’était chef de bande
à le voir j’avais de la peine
plus tard à ce qu’on m’a dit
qu’il prenait des trucs graves
dans les mêmes cages d’escalier
où on mangeait nos BNs
où on se tenait contre l’chauffage
les jours d’hivers où il neigeait
où il y avait une bataille de neige
géante dans tout le quartier
on se partageait les gants
on attaquait en rang serrés
fallait prendre tout le côté droit
des immeubles ( bis ) de la cité
Johnny c’était notre chef
on se serait fait prendre pour lui
on avait la fidélité
on mettait des cailloux
des calots, des billes
tout ce qu’on pouvait trouver
dans la neige au milieu des boules
je me rappelle quand j’ai vu mon caillou
ouvrir la tête d’un mec d’en face
Et je revoyais le sang du mec
j’en revenais pas
je croyais qu’on allait venir me chercher
j’attendais la police la nuit
j’entendais tous les pas
venir dans l’escalier
et je me souviens
La dernière nuit avant qu’on parte
j’ai senti le monde disparaître
au dedans de moi
je regardais les valises déjà faites
J’ai commencé tôt la nostalgie
j’étais déjà tellement doué
pour ça tout petit
et je me souviens encore
d’un jour la fille de la voisine
que j’aimais pas
elle me montrait tout ce qu’il y avait à voir
et moi j’imaginais Barbara
je lui montrais moi aussi
elle voulait que je lui dise que je l’aime
elle me courrait après dans les couloirs
je lui disais que non je ne l’aimais pas
mais toi je t’aimais bien,
toi je t’aimais Barbara
en 1982-83,
oh oui depuis longtemps
je t’aimais Barbara
Et Jérome aussi et Kacem,
et le parrain de ma sœur
et ses filles
et Maman, et mon petit frère
et mon père qui revenait pas
je les aimais tous
à l’époque tous ces gens-là
Et Johnny aussi et même Sylvie qu’était en retard
Je les aimais tous
mais surtout toi
toi je t’aimais, Barbara
en 1982, en 1983
depuis longtemps
je t’aimais Barbara
jamais jamais su Barbara
si tu m’aimais Barbara
J’ai jamais su
Jamais su si toi tu m’aimais
Barbara en 1982 en 1983
J’ai jamais su si tu m’aimais rien qu’un peu toi.


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