Paroles de la chanson Un Ami Dort par Jean Cocteau

Auteurs: Cocteau

Compositeurs: Bessieres

Editeurs: Editions Majestic - Jacques Canetti

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Paroles de la chanson Un Ami Dort par Jean Cocteau

Tes mains jonchant les draps étaient mes feuilles mortes
Mon automne aimait ton été
Le vent du souvenir faisait claquer les portes
Des lieux où nous avons été

Je te laissais mentir ton sommeil égoïste
Où le rêve efface tes pas
Tu crois être où tu es il est tellement triste
D’être toujours où l’on n’est pas

Tu vivais enfoncé dans un autre toi-même
Et de ton corps si bien abstrait
Qu’il me semblait de pierre il est dur quand on aime
De ne posséder qu’un portrait

Immobile éveillé je visitais les chambres
Où nous ne retournerons point
Ma course folle était sans remuer les membres
Le menton posé sur mon poing

L’amour fait des amants un seul monstre de joie
Hérissé de cris et de crins
Et ce monstre enivré d’être sa propre proie
Se dévore à quatre mains

Quelle est de l’amitié la longue solitude
Où se dirigent les amis
Quel est ce labyrinthe où notre morne étude
Est de nous rejoindre endormis

Dieu qu’un visage est beau lorsque rien ne l’insulte
Le sommeil copiant la mort l’embaume le polit le repeint le resculpte
Comme Égypte ses dormeurs d’or

Or je te contemplais masqué par ton visage
Insensible à notre douleur
Ta vague se mourait au bord de mon rivage
Et se retirait de mon coeur

Le temps ne compte plus en notre monastère
Quelle heure est-il, quel jour est-on
Lorsque l’amour nous vient au lieu de nous le taire
Vite nous nous le racontons

Je cours tu cours aussi mais à contre machine
Où t’en vas-tu je reviens d’où
Hélas nous n'avons rien d’un monstre de la Chine
D’un flûtiste du ciel hindou

Enchevêtrés en un au sommet de vos crises
Amants amants heureux amants
Vous êtes l’orgue ailé niché dans les églises
Autour des chapiteaux romans

Accoudé près du lit je voyais sur ta tempe
Battre la peur de ton sang
Ton sang et la mer rouge où s’arrête ma lampe
Jamais un regard n’y descend

L’un de nous visitait les glaces de mémoire
L’autre les mélanges que font
Le soleil et la mer en remuant leurs moires
Par des vitres sur un plafond

Je restais immobile à t’observer le coude
Au genou le menton en l’air
Je ne pouvais t’avoir puisque rien ne me soude
Aux mécanismes de ta chair

Loin du lit sur le sol une de tes chaussures
Mourrait vivait un peu
Le désordre de toi n’était plus que blessures
Mais qu’est-ce qu’un dormeur y peut

Il te continuait il imitait tes gestes
Et ne dirait-on pas que ta manche de veste
Va lâcher un revolver

Ainsi dans la banlieue un vol un suicide
Font un tombeau d’une villa
Sur ces deuils étendu ton visage placide
Était l’âme de tout cela

Je reprenais la route
Écoeuré par le songe
Comme à l’époque de plein chant
Et mon âge s’écourte
Et le soleil allonge
L’ombre que je fais en marchant

Cette ombre de ma forme accuse l’infortune
Mon ombre peut espérer quoi
Sinon la fin du jour et que le clair de lune
La renverse derrière moi

C’est assez je reviens
Ton désordre est le même
Tu peux seul en changer l’aspect
Où l’amour n’a pas peur d’éveiller ce qu’il aime
L’amitié veille avec respect

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