Paroles de la chanson Réquisitoire contre Roger Coggio par Pierre Desproges

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Paroles de la chanson Réquisitoire contre Roger Coggio par Pierre Desproges

Réquisitoire contre Roger Coggio

11 octobre 1982

Ah, quelle joie d'être à Poitiers et de collaborer, ici, place du Maréchal-Pétain !...
Françaises, Français,
Belges, Belges,
Poitevins, Poitevines,
Poids lourds, poids plumes,
Monsieur le rempailleur de vieux mythes,
Mesdames et messieurs les jurés,
Public chéri, mon amour.
Bonjour ma hargne, salut ma colère, et mon courroux...
Coucou.

Ah, cornegidouille, si j'étais le Bon Dieu ou Jaruzelski ! Si au lieu d'être ce misérable bipède essentiellement composé de 65 % d'eau et 35 % de bas morceaux, si je détenais la Toute-Puissance infinie ! Ah, Roger Coggio, avec quelle joie totale j'userais de ma divine volonté pour vous aplatir, vous réduire, vous écrabouiller, vous lyophiliser en poudre de perlimpinpin ou vous transformer en rasoir jetable. Ah, certes, Roger Coggio, vous êtes dur à jeter, mais comme rasoir vous êtes très efficace !

Roger Coggio, mesdames et messieurs les jurés, a un point commun avec son illustre idole Jean-Baptiste Poquelin : ils sont morts tous les deux. À cette différence près que le second restera encore vivant dans la mémoire des hommes, grâce à son immense génie créatif, alors que le premier ne laissera pas plus de trace dans le souvenir culturel de l'humanité que le photocopieur IBM qui lui sert de seul et unique talent pour se gaver de l'esprit du second, comme le ridicule oiseau pique-bœuf se goinfre à l'úil sur le dos de l'énorme hippopotame !

S'il vous plaît, monsieur Coggio, voyez les choses en face. Vous n'existez pas ! Vous êtes figé ! Vous êtes gelé ! Vous êtes surgelé ! Ce n'est pas un homme que nous jugeons ici, c'est un dindonneau surgelé en barquette du père Dodu ! Alors, je vous le demande, allons-nous encore longtemps laisser les dindonneaux surgelés nous servir du réchauffé ? Ras-le-bol les Roger Coggio, les Robert Hossein et autres ravaleurs besogneux du talent des autres ! Il y en a marre des discours cul-pincés des soi-disant détenteurs de la culture qui se vautrent sans vergogne sur les cadavres de Molière, de Marivaux, d'Hugo, de Zola ou de Maupassant dont ils sucent le sang séché jusqu'à nous faire vomir, après quoi, pédants et pontifiants comme de vieux marquis trop poudrés, ils courent pérorer dans les gazettes, expliquant leur vampirisme en s'offusquant hypocritement de ce qu'ils appellent « le désert culturel de cette génération, merde quoi ! ».

C'est faux ! Bande de nécrophages. Il n'y a aucune raison logique pour qu'il y ait moins de talent créateur au XXe siècle qu'aux siècles précédents. Ce qui est vrai, c'est que ces vautours salonnards sous-doués, sans autre imagination que celle des morts qu'ils déterrent, détiennent abusivement les clés de la création artistique de ce pays, et qu'ils préféreraient crever plutôt que de laisser la moindre chance d'exister aux nouveaux Molière, aux nouveaux Léon Bloy, aux nouveaux Chaplin, qui se gèlent les couilles et l'âme aux portes closes des producteurs cinémaniaques, des théâtreux décrépits, ou des PDG des chaînes de télé engoncés dans leur conformisme fossile comme des fémurs de mammouth dans la banlieue de Verkhoïansk.

Vous vous croyez peut-être au zénith de votre carrière, messieurs, non, monsieur Coggio. Vous vous trompez. De même qu'il y a des enfants précoces, il y a des vieillards précoces. Alors même qu'il vous semble vous hisser glorieusement au pinacle des arts nouveaux, vous ne faites, en réalité, que dégringoler doucement dans les charentaises du troisième âge. Rien qu'à vous voir, monsieur Coggio, on a envie de vous ôter la prostate.

Attention : qu'on ne vienne pas me taxer de racisme anti-vieux. Non seulement je respecte nos chers anciens - hein maman ? - mais, qui pis est, moi- même, je ne me sens plus très jeune. Il y a même des moments où je me demande si je ne finirai pas par mourir un jour, bien que, Dieu merci, cette hypothèse épouvantable m'apparaisse pour l'heure aussi improbable qu'une rencontre avec un lavabo qui ferme dans un hôtel de Poitiers !

J'aime les vieux, je suis celui qui tient la main qui tremble des vieux de Brel, qui s'excusent déjà de n'être pas plus loin. Je vous aime, papy Coggio. Mais, de grâce, prenez votre retraite, allez réchauffer vos vieux os dans un mouroir à intellos racornis, allez voir à l'Académie française si j'y suis ! Mais regardez- vous ! Vous êtes déjà incontinent ! Vous faites Molière sous vous ! On ne va quand même pas vous mettre une bambinette ou vous ligaturer le Scapin ! Et puisque ce réquisitoire s'est ouvert sous le signe de la gérontocratie, je ne résiste pas, mesdames et messieurs, à l'envie de vous lire la lettre ouverte que je viens d'adresser aux deux plus dangereux brontosaures semi-grabataires de la planète, que le gâtisme rend de plus en plus désarmants et leur ambition sénile de moins en moins désarmés :

Cher monsieur Brejnev, cher monsieur Reagan,

On fixe le début de la vieillesse à 60 ans. Mais cette phase de déchéance progressive de l'organisme varie avec le genre de vie.

Les manifestations de la vieillesse sont :
Diminution de la souplesse de la peau
Rides
Blanchissement et perte des cheveux
Usure des dents
Presbytie compliquée d'opacité du cristallin
Affaissement de la voix qui devient « cassée »
Surdité partielle ou totale
Abaissement de la température du corps
Perte progressive du sommeil
Durcissement des artères.

Le processus pathologique de la vieillesse est appelé « sénilité ». Chez les vieillards séniles apparaissent des troubles du langage, de la mémoire, et un affaissement notable des capacités intellectuelles, notamment la capacité d'analyse et de synthèse. La pensée se referme peu à peu sur elle-même, devient bornée et obstinée, avec des périodes d'incohérence de plus en plus nombreuses. C'est ce qu'on appelle vulgairement le gâtisme.

La sénilité n'est pas une maladie contagieuse, mais elle peut néanmoins avoir des retombées néfastes pour l'entourage, notamment quand le vieillard sénile dispose d'un armement thermonucléaire important.

Donc, plus coupable que Coggio y a pas.

Roger Coggio : Quand elle a su que son film tiré du Bourgeois gentilhomme était financé par la Fédération de l'Éducation nationale, la section CGT des élèves de CM2 a exigé que l temps passé au cinéma soit déduit du quota des heures de cours.

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