Paroles de la chanson Réquisitoire contre Jean Constantin par Pierre Desproges

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Paroles de la chanson Réquisitoire contre Jean Constantin par Pierre Desproges

Réquisitoire contre Jean Constantin

28 octobre 1982

Françaises, Français,
Belges, Belges,
Monsieur le président mon chien,
Monsieur l'avocat le plus bas d'Inter,
Mesdames et messieurs les jurés,
Public chéri, mon amour.

Je m'en doutais.

Le mauvais esprit qui vous anime, vous, monsieur le président, vous, l'olive grecque posée sur un bavoir, vous, les témoins pourris d'office, vous, l'experte en papouilles psychosomatiques, et encore plus vous, le pianiste des îles, le mauvais esprit qui vous anime vous a tout naturellement guidés à ne voir en l'accusé Jean Constantin que le grossier démoralisateur des troupes qui se gausse de Waterloo, ricane sur les tombes des cocus... des poilus de Verdun, et exhibe sans vergogne son mépris pour Napoléon, le shah d'Iran et le thon à l'huile.

Et bien sûr, comme par hasard, vous avez pratiquement passé sous silence l'autre crime, le vrai crime de Jean Constantin, qui est que cet homme n'est pas un vrai Blanc comme moi, qui suis de souche périgourdine par mon père, alsacienne par ma mère, et CGT par le facteur qui peut toujours se brosser cette année pour les étrennes parce que leurs grèves à la con, ça commence à bien faire.

Jean Constantin, mesdames et messieurs les jurés, est un métis, avec un M mi-nuscule, parce que si on leur met une majuscule, ils deviennent arrogants. Le dos-sier de Jean Constantin, à cet égard, est accablant. Son père est brésilo-communiste. Sa mère est Suissesse donc d'origine gréco-romaine comme tous les vrais Blancs de type germano-scandinave. Hélas ! le laxisme qui règne en Europe et dans le monde depuis la victoire de la populace en 1789 fait que seule l'Afrique du Sud reste aujourd'hui un pays vivable pour les gens normaux non métissés. Mais savons-nous vraiment, mesdames et messieurs les jurés, qui sont les Sud-Africains ? Qu'est-ce que la Sudafriquie ? Est-ce vraiment ce pays de haine que nous décrivent complaisamment les antiracistes primaires viscéraux ? Attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Je n'ai rien contre les antiracistes. Moi-même, je ne suis pas raciste. Certes, je ne donnerai pas ma fille à un nègre. Mais je donnerais encore moins mon nègre à ma fille, parce que c'est moi qui l'ai vu le premier, y a pas de raison.

La Sudafriquie
Les Sud-Africains sont appelés ainsi pour que nous ne les confondions pas avec les Nord-Africains, qui ont non seulement le type nord-africain, mais la gonzesse aussi.

La Sudafriquie, qui s'étend sans vergogne sur plus d'un million de kilomètres plus ou moins carrés, est peuplée de vingt-quatre millions d'habitants qui sont pour la plupart extrêmement vulgaires, sauf les Blancs.

Cette population se décompose de la façon suivante : 70 % de Bantous, 17 % d'Européens, 29 % de métis, 14 % d'Asiatiques, et 18 % sans opinion. C'est énorme.

Les Bantous sont appelés ainsi en hommage au coureur cycliste sénégalais Bante-la-Jolie, dont l'homosexualité latente était notoire et qui remporta Paris- Nantes en 1933 en chantant : « Quand je pense à faire Nantes, je bante. »

La ségrégation
En Sudafriquie, tous les Européens pratiquent la ségrégation, à part Ted.

La ségrégation consiste, de la part des Blancs, à respecter la spécificité des nègres en n'allant pas bouffer chez eux. Au reste, la cuisine bantoue est tout à fait exé-crable tant sur le plan de l'hygiène alimentaire qui laisse à désirer, c'est le moins qu'on puisse dire. Par exemple, ces gens-là mettent la fourchette à droite et le couteau à gauche. Ça y est, je l'ai dit !

La cuisine
Il me revient d'avoir été convié à la table d'un sorcier bantou avec lequel mon épouse était très liée malgré la tradition ségrégationniste, pour des raisons d'affi-nité inhérentes à l'été de la zigounette de ce sauvage. Eh bien, c'était très mau-vais ! Leur plat national est la biche aux abois Melba. Sans pain, c'est dégueu-lasse.

La télé
La télévision sud-africaine est l'une des plus passionnantes du monde. Non seu-lement il n'y a jamais d'émissions avec Giscard, mais il n'y en a pas non plus avec Mitterrand.

Enfin, les villes les plus connues de la Sudafriquie sont Johannesburg, Le Cap, Pre-toria et Durban. Les villes les moins connues sont Potchestroom, Verkani-ging, Witbank et Thabazimbi.

On voit bien, mesdames et messieurs les jurés, à la lumière de cet exposé, que Jean Constantin est coupable.

D'ailleurs tous les étrangers sont coupables !

Je les hais ! J'enrage, j'en désespoir, j'en vieillesse ennemie.

Ma haine des étrangers date de l'époque où je fis mes débuts dans un quotidien parisien phagocyté depuis par un plésiosaure monopolistique. Avant de percevoir clairement l'éventail infini de mes possibilités journalistiques, qui devaient m'amener par la suite des chiens écrasés aux chats noyés, puis à la télévision qui montra à la France entière q beau visage de prince pirate se cachait derrière la plume du canard, c'est pas une partouze de palmipèdes, c'est une licence poé-tique. Avant tout ça, j'ai été le nègre d'un érivain juif sur l'affaire Ben Barka ! L'horreur ! Alors qu'en réalité j'étais doué pour assurer les rubriques sportives. J'ai encore en tête le titre de mon premier article au lendemain de la demi-finale à Roland- Garros, sur six colonnes : « 1er Nastase, le 6, 2e Villas le 4 » (en fait, j'étais parti à la fin du premier round, avant la mi-temps). Remarquez, je me suis rattrapé à la radio, l'année dernière à Wimbledon : « Eh bien, oui, ici Pierre Des-proges qui vous parle en direct de Wimbledon. Au début du premier set, c'est McEnroe qui passe à Connors, qui passe à McEnroe, qui passe à Connors qui passe, je crois, à McEnroe... »

En fait, aujourd'hui, avec le recul nécessaire... Le recul est toujours nécessaire, comme le soulignait magnifiquement Louis Aragon dans sa fameuse lettre à Sta-line, pardon à Brejnev : « Cher Leonid, il faut déstaliniser notre parti. D faut que tu fasses, toi aussi, ce grand pas en avant, car si j'avance et que toi tu recules », etc.

Avec le recul nécessaire, disé-je, il m'apparaît un peu tard que je n'aurais jamais dû quitter la rubrique des chiens écrasés. J'y excellais. Le mot n'est pas trop fort. Je peux bien l'avouer aujourd'hui sans fausse modestie. Pour alimenter jour après jour ma rubrique des chiens écrasés quoi qu'il arrive, il m'arrivait d'écraser les chiens moi-même !

Par la suite, j'ai changé de journal. Là on m'a confié la rubrique des enfants mar-tyrs. J'en ris encore. Un jour, on m'envoie avec un photographe chez un couple de brutes qui défonçaient leur môme de 7 ans à coups de pelle à charbon et l'asseyaient périodiquement sur le poêle, pas méchamment, comme ça, pour tuer le temps en attendant l'ouverture du gérant Nicolas. Quand nous arrivons sur les lieux, le père et la mère sont déjà en cabane. L'enfant est là, sur les genoux d'une voisine qui le couvre de caresses et de bonbons. C'est sans doute son premier jour de joie depuis sa naissance, à ce petit. Vous savez comme sont les enfants, futiles et tout, ils oublient. Alors celui-ci sourit, franchement, largement, complètement. Seulement moi, j'étais très ennuyé. Pour la photo... Là encore, il faut me com-prendre. Avant de venir faire le reportage, j'avais déjà envoyé mon titre au marbre : « Enfants martyrs, deux points. En larmes et défiguré, Pierrot, 7 ans, hurle de douleur, voir page 3. »

« Qu'est-ce qu'on fait ? demande le photographe. Il est pas en larmes, il hurle pas de douleur, et en plus, il est même pas défiguré ! »

En effet, les parents indignes avaient pris soin, par un souci d'honorabilité bien compréhensible, de ne pas abîmer le visage du gamin. Certes nous aurions pu lui photographier les fesses... Mais une photo de fesses, à la une d'un journal respectable, vous n'y pensez pas... Alors ? Que faire pour que cette tête d'ange ronronnant de plaisir justifie mon titre ?...

« Ah ben, dit le photographe, y a qu'à lui casser la gueule. Je vois pas d'autre solu-tion. » Et, joignant le geste à la parole, il envoya une gifle au gamin, grâce à quoi la France profonde put dès le lendemain s'émouvoir sur les enfants martyrs. Cette histoire est seulement à moitié fausse, je tiens vachement à le souligner : ce jour-naliste n'était pas moi. Mais si jamais un pochard septuagénaire semi-grabataire et confit dans la Suze-cassis s'effondre en pleurant près de vous sur le zinc d'un bistrot de la rue Montmartre en vous racontant qu'il a fait ça, lui, ne le croyez pas : comme dit ma concierge, « Y racontent n'importe quoi, ces journalistes ».

Donc, Jean Constantin est coupable, mais son avocat vous en convaincra mieux que moi.

Jean Constantin : Cette grosse feignasse de musicien super-doué a notamment écrit une chanson intitulée : « Où sont passées mes pantoufles ? » qui raconte son amour impossible pour deux charentaises fugueuses.

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