Paroles de la chanson Les Jongleurs par Jean-Luc Lahaye

Chanson manquante pour "Jean-Luc Lahaye" ? Proposer les paroles
Proposer une correction des paroles de "Les Jongleurs"

Paroles de la chanson Les Jongleurs par Jean-Luc Lahaye

J'étais en pleine enfance
Quand arrivèrent les jongleurs
Ceux dont l'état civil s'inscrit
Dans une ville d'Italie
Turin, Gênes, Florence
Ou dans une mairie du Midi de la France
Sète, Martigues, Villefranche
Car ceux qui naissent au cirque
Y grandissent, s'y marient, s'y brisent
Sont obligés, pour poursuivre leur route
D'accomplir partout les plus basses des formalités de police
J'étais en pleine enfance
Quand arrivèrent les jongleurs

Ils étaient par deux
Par familles entières
Ils avaient des cousins viennois
Mais par peur de la ville
Ne quittaient jamais leur grand ciel de toile
Toujours en défaut de leur identité
De leur métier sans métier
De leurs yeux brillants, de leurs cheveux bouclés
Que s'établissait partout la crainte chez les épiciers

Mes parents étaient bons
Je ne les aurais jamais quittés
Sans ces grandes affiches
Pleines de belles lettres rouges
Mais, qui lève un pan de la toile
Et s'y glisse un seul instant
S'y perd à jamais
S'y perd pour toujours

Et moi
J'étais en pleine enfance
Quand arrivèrent les jongleurs
J'ai embarqué de nuit au Havre
Sur un cargo hollandais
Avec les cages des fauves
Les frères dresseurs, l'homme-canon
Celui qui se jetait là-haut dans les étoiles
Et avec les nains féroces et toujours pardonnés
Les garçons de piste, les comptables
Les chauffeurs maltais tout en muscles et en querelles
Sans femme mais avec leurs cartes et leurs dés
Et tous me cachèrent
Quand les gendarmes des docks
Firent la tournée des cales
J'étais libre {x3}
Mais j'étais l'assassin d'un père
Et d'une mère
D'une mère

J'avais douze ans
L'âge où l'on a tout à grandir
À se plier, à s'équilibrer
À se rompre sur des tapis usés
Une corde de chanvre passée en travers de la taille
Jeté en l'air comme une balle de son
Comme un ballon
Regardé par les chiens, les chevaux
Toutes espèces d'animaux
Sous les rires violents des clowns
Les jarrets fouettés par la baguette
De celui qu'un saut ancien
Avait fait crier de terreur
La troupe entière et les spectateurs

Devant les populations des villes et des campagnes
J'ai la parade, j'ai ameuté les gens
Partout à la fois, servant à tous
J'ai distribué les pauvres billets de faveur
Et payé en dernier
Sans cesse menacé d'abandon
J'ai quand même suivi
J'ai suivi
J'étais enfin du cirque !

Dans nos quartiers d'hiver
Quand nous refaisions les peintures
Sur les barreaux des cages
Et les numéros des banquettes
J'ai essayé, le soir, de me faire aimer
De solitaires serveuses
De placeuses de cinéma
D'employées de ferme
Écouteuses de juke-box
Émerveillées de ma vie
Moi qui voyais tant de pays
Tant de patries
Moi qui étais du cirque

C'est des années après que je suis revenu
Un couple d'instituteurs
Logeait au quarante-et-un de ma rue
Sur ce quatrième étage
La porte à gauche
J'ai sonné chez eux car c'était chez nous
Mes vieux m'avaient laissé leur armoire
Un peu de vaisselle
Leur photo de mariage
Prise devant la mairie du sixième
Alors là, devant ces gens
J'ai pleuré
Comme pleurent les malfaiteurs devant les agents
Et puis, j'ai donné l'armoire,la vaisselle
J'ai mis la photo là, sur mon cœur
J'ai oublié mon pays
Son histoire, ses fleuves, ses rois, sa gloire
Et j'ai attendu au bout de la ville
Qu'un cirque vienne à passer
Qu'un cirque vienne pour m'emporter
Et une nuit comme n'importe quelle nuit
Un cirque est passé, un cirque est passé
Et pour toujours il m'a emporté !

Paroles.net dispose d’un accord de licence de paroles de chansons avec la Société des Editeurs et Auteurs de Musique (SEAM)

Les plus grands succès de Jean-Luc Lahaye