Paroles de la chanson Verdun par Bernard Joyet

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Paroles de la chanson Verdun par Bernard Joyet

Le temps semble s’offrir une sublime pause
Tout est sérénité dans mon joli jardin
Si je me penche un peu quelle métamorphose
Si je me penche encore alors là c’est Verdun

Élytres carapaces
Se heurtent se fracassent
Boucliers et carcasses
S’entassent dans des trous
Et dans un spasme infime
Un soubresaut ultime
Les infirmes victimes
S’embourbent dans la boue
C’est Verdun

Des griffes s’articulent
Comme des tentacules
Portant aux mandibules
Une nymphe éventrée
Par une plaie ouverte
Perle la sève verte
De cette larve inerte
Lacérée déchirée
C’est Verdun

Cruellement la mante
Au demeurant charmante
Délicieuse amante
Dissèque son amant
Une fourmi géante
Suce la chair gluante
D’une cigal’ béante
Qui se meurt en chantant
C’est Verdun

Et le grillon champêtre
Gesticule s’empêtre
Ses pattes s’enchevêtrent
Dans les mailles de soie
La nasse arachnéenne
De force herculéenne
L’enrobe d’une gaine
Qui étouffe sa proie
C’est Verdun

Tétanisés de trouille
Des soldats en vadrouille
Croisent une patrouille
De carabes dorés
Narguant la citadelle
La brave coccinelle
Exhibe aux sentinelles
Son torse décoré
C’est Verdun

On s’incise la carne
On s’étripe on s’écharne
On s’agrippe on s’acharne
Corps-à-corps bout-portant
Des viscères tranchés
Des ailes arrachées
Et des têtes fauchées
Jonchent le sol fumant
C’est Verdun

Et quand le jour s’étiole
Sous le feu des lucioles
Les dernières bestioles
S’escriment au combat
Les silphes nécrophages
Passent au ramassage
Des restes du carnage
Des boyaux des abats
C’est Verdun

Si au dessus de nous trône un être suprême
Il devrait se pencher sur son joli jardin
Les insectes c’est nous nos guerres sont les mêmes
La terre est un foutoir qui ressemble à Verdun

Crânes et carapaces
Se heurtent se fracassent
Boucliers et carcasses
S’entassent dans des trous
On s’incise la carne
On s’étripe on s’écharne
On s’agrippe on s’acharne
Embourbés dans la boue

En débâcle fébrile
Des effarés s’exilent
Quand la botte imbécile
A piétiné les fleurs
En colonne infinie
Une horde bannie
Dérive à l’agonie
Sous l’œil du prédateur

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